mardi 10 juin 2014

Brésil, nous voilà !

Salut à tous !

Alors, J-3 hein ! Dans trois jours, nous tous, passionnés de football, sacrifieront sans vraiment de regrets une bonne partie de notre vie sociale - voire, pour certains, dont votre serviteur, une partie de leurs économies - pour suivre le plus grand spectacle qui puisse nous être donné de suivre : une Coupe du Monde. Quoi de plus mythique ? Mieux que les JOs, mieux que le Tour de France, Roland Garros... une Coupe du Monde. L'impression de vivre l'Histoire, la voir s'écrire sur nos télés, sous nos yeux. Les images sépias, vintages, plus ou moins de qualité, des Schiaffino, Fontaine, Pelé, Cruyff, Maradona, des images qu'il fallait, à l'époque, parfois attendre plusieurs heures avant de les voir, voire tout simplement avoir pu s'offrir le luxe d'un téléviseur... vont désormais se dérouler en direct live, sous nos yeux fatigués par le - relatif - décalage horaire, en qualité numérique, avec je ne sais combien de dizaines de caméras par match, dans des stades hélas de moins en moins personnalisés, de plus en plus identiques, ordinaires, et des stars, encore et toujours, qu'on espèrera au top de leurs formes. Ça, c'est à J-3.

Des surprises mais pas trop

Évidemment, il y aura des surprises, il y aura des déceptions, des défaillances plus ou moins graves, quelques fulgurances et autres exploits qui parviendront à s'extirper des toiles tissées par des techniciens toujours plus adeptes du bloc équipe et de la suppression des espaces superflus - heureusement, la rareté des matches internationaux par rapport à celui des clubs, marqué par la quotidienneté des entraînements et donc de l'importance des automatismes défensifs, pourra, qui sait, offrir un peu plus d'espaces incongrus que
d'ordinaire, et donc plus de débordements, de dribbles, d'exploits individuels ou collectifs. Bref, le football, honni par des croque-morts comme Mourinho mais que les amateurs de football aiment.

On espère que les stars seront présentes, tout en espérant que des outsiders parviendront à bouleverser les pronostics. Pas trop quand même : c'est bien gentil les surprises, mais les Coupes du Monde qui ont le moins marqué les esprits sont celles qui ont, en général, produit des derniers carrés, disons... originaux. Rappelons nous de la Turquie et de la Corée, en 2002, ou du Chili, de la Yougoslavie et de la Tchécoslovaquie en 1962... désolé de le dire, mais les plus grands matches de l'Histoire de la Coupe du Monde, ce furent ceux qui opposèrent vraiment les meilleurs pays du moment entre elles : Brésil-Hongrie 1954, Angleterre-Allemagne 1966, Allemagne-Italie 1970, France-Brésil 1986, etc. La plus belle Coupe du Monde de l'Histoire ? 1970. Avec qui en demi ? Brésil, Italie, Allemagne, Uruguay. Que rêver de mieux ? Une surprise, ok, que des surprises, ça signifie surtout que les meilleurs joueurs du monde auront raté leur tournoi. Et ça, personne ne le souhaite, hormis leurs adversaires bien entendu...

Ronaldo et Messi, au rapport

Malheureusement, depuis l'avènement de la Ligue des Champions et surtout, depuis 15 ans, sa propension à épuiser ses participants par un nombre effarant de matches, les meilleurs joueurs du monde sont rarement au rendez-vous des grands tournois internationaux. Ronaldo a 29 ans cette année, et la seule fois qu'il a un peu brillé un été d'année paire, c'était à l'Euro 2012, et encore, avec un score, 3 buts en 5 matches, presque quelconque pour un buteur de sa trempe, auteur de 29 buts lors de ses deux dernières saisons de C1 ! Au total, le Portugais, qui évolue tout de même au sein d'une des meilleures sélections d'Europe, aura marqué 6 fois en 14 matches de championnat d'Europe, et 2 fois en 10 match de Coupe du Monde, soit 8 buts en 24 matches. Une misère.

Et Messi, que beaucoup, à raison sans doute, considèrent comme au moins l'égal d'un Maradona ? Un but en 8 matches de Coupe du Monde, dont aucun en 5 matches en 2010, au sortir d'une saison à 47 buts avec le Barça... pourtant, est-ce qu'on peut sérieusement discuter leurs statuts de meilleurs joueurs du monde ? Messi-Ronaldo, c'est Nadal-Federer - ou plus sûrement Nadal-Djokovic -, c'est Senna-Prost, c'est... deux numéros un, qui ont eu la malchance de tomber l'un sur l'autre au même moment. Rappelez-vous de l'époque où il fallait activer nos méninges pour trouver un Ballon d'Or passable, et le donner à Owen, Nedved, sans parler de Cannavaro... pourtant il y avait Zidane. Mais là, les deux ont tellement fait le trou avec la concurrence qu'on ne peut que les imaginer se régaler cet été au Brésil, voire se disputer le trophée en finale. Quel pied ce serait !

Et pourtant... il y a de bonnes chances qu'ils ne soient pas dans les mêmes dispositions. Ronaldo est en petite forme, n'a pas encore joué de match de préparation, et Messi, s'il a encore beaucoup marqué cette saison (41 buts en 46 matches avec le Barça, quand même), il a souffert de plusieurs blessures. Cela lui permettra-t-il d'être frais au Brésil ? Rien n'est moins sûr. La règle d'un grand tournoi, désormais, c'est souvent de révéler des joueurs méconnus, qui ont moins joué que les autres, qui n'étaient pas attendus et qui signeront des gros contrats par la suite. Euro 2012 : Iniesta meilleur joueur, soit. Iniesta, c'est l'anti héros parfait, le serviteur idéal, le joueur anti individualiste au possible. Le prototype du joueur d'équipe.

La Coupe du Monde 2010 ? Forlan, d'un Uruguay pourtant "seulement" quatrième. Preuve que si l'Espagne gagne tant depuis six ans, c'est parce que son collectif parfaitement huilé lui permet de pouvoir se passer d'un joueur essentiel, indispensable. Qui gagnerait un Ballon d'Or, par exemple. Performances de Messi et Ronaldo en Afrique du Sud ? Zéro et un but, contre la Corée du Nord (7-0 score final). Euro 2008 ? Xavi. Effectivement, il jouait beaucoup, mais encore une fois... pas un joueur qu'on voit forcément tout le temps. Il prend le ballon, il le donne. Très intelligemment, toujours proprement. Mais ce n'est pas une star. Pas de Ballon d'Or pour le Catalan... Jamais le Ballon d'Or en titre ne brille au grand tournoi qui suit son trophée. La dernière fois, je veux dire vraiment ? Baggio, Ballon d'Or 1993 et meilleur buteur du Mondial américain qui a suivi. Soit lorsque la Ligue des Champions a été créée, en gros. Il y a vingt ans.

Le Brésil vengera-t-il 1950 ?

Alors, que peut-on espérer de ce Mondial ? Quand on aime le football, on a envie que le Brésil soit beau, soit efficace, nous régale. Chez lui, il ne peut rêver meilleur contexte, même si la pression, folle là-bas, sera terrible à gérer. Au moins, en Afrique du Sud ou au Japon, elle était lointaine... Il y a un an, ceux qui ont regardé la Coupe des Confédérations ont pu constater que le Brésil avait une excellente équipe. Un gardien médiocre, soit, comme souvent d'ailleurs, mais une charnière solide, des latéraux toujours aussi dingues, un milieu extrêmement créatif, des ailiers fantastiques et un avant-centre qui s'appelle Fred. Qui fait sourire en France, mais pas au Brésil. Certes, il symbolise l'étrange pauvreté actuelle en
avant-centres de haut niveau de ce pays qui en a généré tant de merveilleux. C'est surtout quand on voit qui sera le remplaçant de Fred : Jô, ancien de City, est un grand échalas qu'on devine gaucher, et qui est d'une faiblesse folle. Six buts en championnat avec l'Atlético Mineiro en 2013... Sa force ? Il marque en Copa Libertadores. La belle affaire.

Mais Fred, c'est l'avant-centre idéal pour faire briller Hulk et surtout Neymar. Un gros travailleur, un excellent remiseur, et également un bon buteur (42 buts en 2011 et 2012 en championnat avec Fluminense, 9 buts en sélection l'année dernière). Ne rigolez pas trop vite sur Fred, c'est n'est pas Guivarc'h, ni Francis Perrin, son sosie officiel : il pourrait être une des surprises de ce tournoi.

Une France si jeune...

Et les Bleus ? Privés de Ribéry et sans doute d'un Toulalan au milieu - on oublie trop souvent à quel point ce garçon pourrait encore plus nous faire du bien au milieu s'il acceptait de revenir en sélection - , leur jeunesse peut faire peur. De l'insouciance ? Oui c'est vrai, ça pourrait être charmant sur certains matches, sur certaines séquences. Un Griezmann a montré sur ses quatre apparitions combien il pouvait apporter devant le but, par ses inspirations et sa qualité technique au-dessus de la moyenne. Mais les équipes qui vont loin dans une Coupe du Monde sont celles qui ont de l'expérience à revendre. Or nous, nous la comptons sur les doigts d'une main. Nous avons une belle jeunesse, mais pas encore une équipe qui aurait les épaules pour viser mieux que les quarts de finale, ce qui serait déjà très beau, même si ça ne nous est jamais arrivé, puisque lorsque la France est sorti d'une poule mondiale, elle a toujours atteint au moins le dernier carré...

On nous bassine avec ses nouvelles valeurs, son nouveau comportement... que de balivernes. C'est parce qu'elle serait nouvellement bien élevée que cette génération gagnerait ? D'abord, calmons nous un peu : pour l'instant, Deschamps prends moins de points par match depuis sa prise de fonction que Domenech. Et pas qu'un peu (1,23 contre 1,34). Et encore moins que Blanc (1,44). Alors certes, depuis la belle réaction au Belarus (2-4), elle n'a perdu qu'une fois, en Ukraine, marque des buts et en prends peu. J'espère de tout cœur qu'elle ira le plus loin possible, ce n'est pas négociable. Mais croire que ces joueurs gagnent parce qu'ils se comporteraient mieux - ça reste à prouver, rappelons qu'on disait la même chose avant l'Euro 2012 - , parce qu'ils n'ont soit-disant plus de casques sur les oreilles et parce qu'ils
chantent un peu plus la Marseillaise... ça prouve surtout à quel point les médias français sont ignares en football. Certaines nations, dont l'Espagne, n'ont pas de paroles à leur hymne, et dans toutes les équipes du monde les joueurs portent des casques sur les oreilles pour se concentrer. Même ceux qui gagnent, si si. Et tous touchent des primes. Tous. La France est sympathique parce qu'elle gagne en ce moment, point. Pas parce qu'ils ont l'air gentils et motivés. Seuls les résultats comptent, tout le reste c'est de la littérature de bas-étage.

On a perdu notre meilleur joueur, meilleur buteur et passeur depuis deux ans, et il est difficile d'imaginer que nous soyons meilleurs sans lui, même si on a des jeunes prometteurs. Mais toutes les générations doivent passer par des échecs. Celle de Deschamps a du vivre France-Bulgarie, celle de Platini avait eu l'Argentine en 78 et celle de Kopa, la Suisse en 54. Imaginer que parce que Griezmann est prometteur, Ribéry est remplacé, c'était penser qu'Oasis pouvait remplacer les Beatles sur la foi d'un premier bon album et des coupes de cheveux prometteuses. On a vu le résultat. Dénigrer le 8-0 contre la Jamaïque est aussi idiot que le glorifier. La Jamaïque n'a pas l'habitude de prendre des roustes, même contre les gros, et notamment la Suisse récemment (0-1). Certes elle a été mauvaise hier, mais si elle a pris autant de buts, c'est aussi parce que la France s'est montré persévérante, sérieuse et offensive. Elle aurait pu s'arrêter à 3-0... elle a continué. Ça prouve un état d'esprit SPORTIF très encourageant. Mais l'opposition au Mondial, y compris celle du Honduras, sera d'un autre calibre. Et là, sous les yeux du monde entier, il faudra gérer la pression et jouer simple, efficace. Ne pas se rater. Sinon, elle redeviendra impopulaire, c'est évident.

A très vite !

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