lundi 9 décembre 2013

Un groupe piégeux

Salut à tous,

A y est, on est fixé, l'attente fut insoutenable mais pas vraiment à la hauteur du soulagement de certains et de la déception d'autres qui auraient espéré des affiches un peu plus affriolantes. On peut comprendre les deux sentiments, qui sont légitimes, mais discutables, comme toujours. Franchement, Danemark, Afrique du Sud et Arabie Saoudite, ça vous aurait dit plus ? Non parce que c'était le groupe de la France en 98. Personne ne viendra me dire après coup que ce groupe était "décevant"...

Le Honduras, pas si méconnu

Suisse, Équateur, Honduras, c'est un mélange de redite - pour la Suisse, que la France a affronté cinq fois entre aout 2003 et juin 2006 - deux succès français, trois nuls -, notamment lors du premier tour du Mondial 2006 (0-0), et 36 fois au total, avec à la clé 15 victoires françaises et 12 défaites, la dernière en 1992 - et de quasi totale découverte. Oh bien sûr, l’Équateur, que la France aura l'honneur et la chance d'affronter au Maracana de Rio le 25 juin - match auquel j'espère vivement vivre sur place, je vous en reparlerais - n'est pas un total inconnu : ce sera la deuxième édition de cette affiche, après le match amical de Grenoble, en mai 2008, juste avant l'Euro, qui avait permis au jeune stéphanois Bafé Gomis,
qui signait sa première sélection, de signer un doublé (2-0) et surtout de griller sur le fil le pauvre Djibrill Cissé, qu'il avait remplacé à la mi-temps, pour la troisième place d'avant-centre à l'Euro. Quant au Honduras, ce sera une première.

Il faut dire que les affrontements avec des ressortissants de la Concacaf peuvent se compter sur les doigts d'une main pour la France. Hormis ce match contre le Canada au premier tour du Mundial 86 (1-0, premier but de Papin en sélection) et de matches amicaux contre les États-Unis, à East Rutherford, en indoor, en 1979 (6-0, triplé de Lacombe) ou le Costa Rica, en 2005 à Fort-de-France (3-2 après avoir été mené 0-2, buts d'Anelka, Cissé et Henry), on notera cet étrange match amical contre une sélection d'Amérique Centrale, joué en 1972 à... Salvador de Bahia, où la France affrontera la Suisse, le 20 juin, et remporté 5-0, avec notamment un triplé signé Hervé Revelli. C'est dire si l'idée d'affronter le Honduras ne doit normalement pas effrayer une sélection française, quelle qu'elle soit.

Mais évidemment, il faut nuancer cet avis définitif basé sur une impression et une analyse simpliste de la situation. Certes, dans l'absolu et sur le papier, le Honduras n'a rien d'un danger. Mais il a réussi l'exploit peu commun pour une autre équipe autre que les États-Unis de finir devant le Mexique en éliminatoire, en allant s'imposer chez ces mêmes Mexicains (1-2), qui font par ailleurs figure d'outsider dans le groupe du Brésil, après avoir battu les Américains en février dernier (1-0). Le Honduras qui peut compter sur plusieurs joueurs qui brillent en Europe, comme le défenseur d'Hull City, en Premier League s'il vous plait, Maynor Figueroa, l'excellent latéral gauche du Celtic Glasgow Emilio Izaguirre (7 passes décisives toutes compétitions confondues cette saison), un autre joueur de Premier League, le milieu de Stoke City, Wilson Palacios, sans parler de Jerry Bengtson, qui joue aux New England Revolutions (9 buts en éliminatoires), l'imposant Carlos Costly, qui évolue en Chine mais qui a joué au Mexique, en Pologne, en Angleterre, en Roumanie ou en Grèce, ou d'Oscar Boniek Garcia, qui brille aux Houston Dynamo. Alors, quand on entends nos "spécialistes", genre Pierre Ménès, dire qu'ils ne connaissent "personne" dans l'équipe type hondurienne, c'est soit de la fainéantise, de la malhonnêteté intellectuelle, soit de l'ignorance ou de l'incompétence. Sûrement un bon mélange de tout ça, ajouté à du mépris pour ces petits pays qui osent se mesurer à nos grandes équipes occidentales... Rappelons que le Honduras était déjà dans le groupe de la Suisse, il y a quatre ans, et avait signé un nul (0-0) conte les Helvètes...

L'Amérique du Sud sera chez elle

Même chose pour l’Équateur. Certes, il vaut mieux tomber sur eux que sur l'Uruguay - qui a tout de même terminé derrière les hommes de Reinaldo Rueda en poule qualificative... - ou l'Argentine, on est d'accord. Certes, descendu de leurs montagnes, à l'image des Boliviens, les Équatoriens ne font pas trembler grand monde, eux qui n'ont pris que trois points à l'extérieur en qualifications, s'inclinant au Pérou, en Colombie ou au Chili, par exemple - tout en l'emportant en amical au Portugal (2-3), en février dernier... -. Certes, si on excepte le vétéran Edison Méndez (34 ans, LDU Quito), ancien du PSV Eindhoven, l'attaquant du Lokomotiv Moscou Felipe Caicedo, l'ailier du Vitesse Arnhem Renato Ibarra et surtout celui de Manchester United, Luis Antonio Valencia, officiellement le joueur le plus rapide du monde avec le ballon, il n'y a pas grand monde dans cette équipe pour faire trembler la France...

Mais je n'ai entendu nulle part cet argument implacable : ce Mondial se déroulera en Amérique du Sud. Et là-bas, les équipes de ce continent seront indiscutablement avantagées. Pour preuve, lors des quatre Coupes du Monde sud-américaines, et même en ajoutant les deux mexicaines et celle aux États-Unis, seules les équipes sud-américaines l'ont emporté, sans exception. L'Argentine l'a emporté chez elle en 78 et au Mexique en 86, l'Uruguay a gagné chez lui en 30 et au Brésil en 1950, et ce dernier l'a emporté en 62 au Chili, en 70 au Mexique et en 94 aux États-Unis. Les Européens ne brillent jamais dès qu'ils franchissent l'Atlantique, c'est comme ça. Des chiffres simples le prouvent : en Europe, les pays locaux glanent 1,14 points par matches, contre 1,02 pour les Sud-Américains. En Amérique du Sud,
le rapport s'inverse : les locaux prennent 1,23 points, contre... 0,95 pour les Européens, qui perdent donc plus de matches qu'ils n'en gagnent là-bas. Sur quatre Mondiaux sud-américains, combien d'Européens ont atteint la finale ? Deux, les Tchécoslovaques en 1962 et les Pays-Bas, en 1978.

Certes, la dernière Coupe du Monde en Amérique du Sud date de 1978... les stades, les joueurs, le jeu est différent, plus mondialisé, moins spécifique à chaque pays, une part importante de joueurs évoluant tous en Europe, leurs styles se mélangeant plus aisément. Mais quand même, ne négligeons pas l'Histoire, qui devrait être un peu plus souvent source d'inspiration pour analyser le présent et l'avenir, et ne pas répéter les mêmes erreurs. La France a disputé deux Mondiaux en Amérique du Sud (30 et 78) et n'a jamais passé le premier tour. Il ne faut pas négliger le fait que les Équatoriens seront forcément avantagés de jouer sur leur continent, leurs supporters viendront plus facilement, l'ambiance brésilienne leur sera plus familière, que ce soit pour ceux qui évoluent encore dans leur championnat ou ça qui y ont joué. Pour nous, ce sera nouveau. Cette remarque peut d'ailleurs également tenir aussi pour les Honduriens.

J'ai d'ailleurs très peur pour les Suisses, qui affronteront le 25 juin le Honduras à Manaus, en pleine Amazonie, dans la pire période de l'année... bon courage à eux. La France n'a pas eu seulement la chance d'échapper à un groupe trop difficile, elle est aussi tombée sur la place dans le groupe qui lui garantit le moins de déplacements, pas loin de leur camp de base et au sud, c'est-à-dire là où il fera le moins chaud. Porto Alegre, Salvador, Rio... de belles villes, de beaux stades... tout paraît parfait. Pourvu que ça dure !

A plus tard !

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