jeudi 21 novembre 2013

La défaite des experts

Salut à tous,

Alors, on l'a fait ou pas ? Elle n'est pas là la qualification ? Félicitations à tous les croquemorts de l'Equipe de France, tous les Cassandres qui s'efforcent, depuis 36 heures, de retomber sur leurs pattes, en affirmant le plus sérieusement du monde que ce qu'ils ont dit tout le WE, et depuis plus de trois ans même, à propos de ces Bleus, était vérifié, qu'ils l'assumaient, mais qu'ils étaient heureux quand même. Que cette victoire pleine de volonté et de courage leur donnait raison, que c'était dans la tête des joueurs que ça se passait. Pendant plus de trois ans, ils ont poussé le peuple à détester leur équipe nationale, et aujourd'hui ils osent se présenter en amoureux de cette dernière ? Mais ils n'ont pas le droit de l'ouvrir. Ils devraient utiliser leur droit de silence, pour se faire oublier. Mais depuis mardi soir, on n'a jamais autant vu Pascal Praud à la télé. Comme quoi, que ce que vous disiez soit exact ou non, l'important c'est de dire quelque chose et de l'assumer, n'est-ce pas ? Admettre qu'on a eu tort, c'est quasiment signer son arrêt de mort médiatique. Et Praud aime trop passer à la télé pour ça.

Certains Français aiment leur équipe

Laissons ces tristes personnes dans leurs tours d'ivoire, voulez-vous. On a une qualification à savourer, une communion à faire fructifier. Dire que l’Équipe de France s'est réconciliée avec son public serait erroné : certes, les 80 000 spectateurs du Stade de France, dont votre serviteur, n'étaient pas là pour cracher leur haine, au contraire, ils étaient venus pour jouer
le rôle que tout spectateur de foot devrait avoir, celui de soutien, de 12e homme. Ils voulaient aller au Mondial, ils voulaient aussi montrer qu'ils ne faisaient pas partie des 80 % des gens qui souhaitaient - je dis bien souhaitaient - que la France n'aille pas au Brésil, qu'elle ne le méritait pas. Imaginez-vous un supporter de l'Angleterre souhaiter que son pays échoue ? En France, c'est possible. Non, ceux qui étaient là - et qui avaient acheté leur billet avant la match aller, il faut le reconnaître, et qui souhaitaient peut-être aussi que l'argent investi ne serve pas à rien - ont démontré qu'il restait encore des gens, en France, qui savent se comporter en supporter quand leur équipe en a besoin. C'est ça, un supporter. Ce n'est pas un consommateur, un opportuniste, qui lui tourne le dos dès que les vents deviennent contraires. Ce ne sont pas des Footix.
Ne soyons pas naïfs : à la première défaite, par exemple en mars contre les Pays-Bas, seul match amical programmé pour l'instant, les mêmes discours reviendront : la victoire contre l'Ukraine était chanceuse, cette équipe ne mérite pas d'aller au Brésil, on va être ridicule - si on tombe sur trois équipes du niveau des Pays-Bas, sûrement, mais ce ne sera pas le cas - et surtout, surtout, c'est la faute de Knysna. Dans 20 ans, on continuera de parler de Knysna sans savoir vraiment ce que ce terme étrange veut dire, mais ça fait vendre du papier, donc autant l'utiliser jusqu'à l'usure. Entretenir ce mythe, c'est garder sous le coude un argument comme quoi chaque défaite, chaque match moyen, est du à l'attitude des joueurs, leur manque d'envie, d'amour du maillot. Des arguments aux relents poujadistes et démagogiques,voire xénophobes, malgré le fait que la France ait été sauvée par des joueurs comme Sakho, Benzema, Pogba...

Sakho ce héros

Mais peu importe, au fond. Cette équipe a prouvé qu'elle avait de la qualité, même si rien n'est réglé. Une chose est sûre selon moi : il faudrait être aveugle pour penser qu'elle n'a pas trouvé une assise, un axe défensif extrêmement solide et performant, et je ne parle pas seulement de la charnière. Cette dernière est celle que j'ai trouvé la meilleure depuis très longtemps. Comment peut-on encore penser qu'un Koscielny vaut un Varane ? Ce dernier, qui n'était pas au top physiquement, a pourtant une nouvelle fois rendu une copie d'une très grande qualité, propre et sans la moindre erreur. Varane a-t-il seulement été mauvais une fois en Bleu ? Et combien de fois a-t-il été en difficulté au Real Madrid ? Avant ses blessures, il avait mis sur le banc des phénomènes comme Carvalho ou Pepe, excusez du peu. Et à gauche, comment a-t-on pu croire à la renaissance d'Abidal ? Pour qu'il y ait renaissance, il aurait fallu qu'il y ait naissance, mais le Monégasque n'a jamais été une référence au poste de défenseur central, notamment en Bleu. Alors à 34 ans, après deux ans d'absence pour maladie... ce qui rendait son retour en Bleu sympathique le dessert plus aujourd'hui qu'autre chose. Les belles histoires trouvent souvent leurs limites quand le niveau s'élève sérieusement.

A son poste, difficile de trouver mieux en France que Mamadou Sakho, je suis désolé. Et dire qu'il n'était plus apparu en Bleu depuis juin dernier, hormis sa mi-temps en octobre conte l'Australie... son statut de remplaçant au PSG - situation à la fois regrettable, au vu de son image de titi parisien formé au club, et logique, vue la concurrence - mais aussi, durant les premières semaines, à Liverpool, ont bien failli lui couter cher. Lui qui était titulaire indiscutable pour Deschamps avant cet été compliqué ne pouvait que reprendre sa place. L'avenir, c'est lui, on le savait depuis des années, durant lesquelles on avait tâtonné dans son secteur, même si Blanc avait tenté d'installer pendant deux ans la charnière Rami-Mexès. Mais quel défenseur, en France, rassemble autant de qualité de combattant, de puissance, de force ? Ce n'est pas un monstre technique, soit, même s'il ne me semble pas l'avoir vu rater une relance mardi soir, même les plus compliquées. Mais Desailly en était-il un ? Le grand Marcel aussi ne prenait pas de risque dans la relance, puisqu'il avait Blanc à ses côtés qui s'en chargeait. Mais c'était un monstre défensif qui ne laissait respirer aucun adversaire. Et Desailly s'est révélé plus tard au haut niveau que Sakho. Hormis le pied fort, ils ont beaucoup de points communs, selon moi.

Un trident redoutable

Il est également facile de bien défendre quand vous avez devant vous trois joueurs complémentaires, qui allient puissance défensive, pour deux d'entre eux, et potentiel offensif redoutable, pour les trois. L'abattage hallucinant de Matuidi, la puissance et la vista de Pogba, la technique et la science tactique de Cabaye forment presque le joueur parfait à eux trois. Comment a-t-on pu passer à côté de ce triumvirat ? Les autres joueurs de ce secteur reverront-ils un jour le ciel se découvrir pour eux, si ce n'est sur blessure ou suspension ?
Rappelons que ces trois là étaient suspendus pour le match en Géorgie... étrangement, Sissoko et Guilavogui n'avaient pas apporté la même stabilité, le même sens de la perforation. Ils y seraient peut-être parvenus s'ils avaient évolué avec un troisième joueur dans leur secteur, ce qui leur aurait permit de jouer plus haut et d'apporter des solutions offensives. Le 4-3-3 avait rarement marché avant mardi soir, mais désormais il apparaît comme le système idéal. Tout dépend aussi des joueurs qui l'animent...

C'est drôle parce que vendredi, avant le match, tous les "experts" étaient satisfaits de l'équipe alignée par Deschamps, avec Nasri devant Pogba et Matuidi, c'était pour eux un bon choix, puisque Valbuena était hors de forme, et surtout ça démontrait que Deschamps voulait attaquer, ne pas se contenter de défendre. Par la suite, la défaite venue, on a entendu les mêmes experts affirmer que Deschamps s'était planté dans les grandes largeurs, que cette défaite était la sienne... le jour où on verra un journaliste se dédire, là on pourra parler de véritable démocratie médiatique. La Presse n'a pas de contre-pouvoir pour la forcer à savoir se remettre en question quand elle s'est plantée, comme elle l'exige à propos des gens qu'elle ne cesse de juger, c'est le problème.

Benzema est enfin Benzema

Pour moi, le problème du milieu droit reste posé. J'ai vu toutes les notes positives que Valbuena a reçu, et elles ne sont pas imméritées. Mais elles auront quand même étonné beaucoup de spectateurs présents au stade, et qui ont râlé quand ils ont vu Valbuena continuellement se recentrer, dézonner, et ainsi ne pas offrir de solution à Debuchy, sur le plan offensif mais aussi défensif, puisque ce dernier a souvent du gérer Konoplyanka tout seul, ce qui lui a valu un carton et une sortie prématurée, pour éviter son expulsion. Sur ce match là, ça a marché, mais pas sûr que ça marchera à chaque fois, permettez moi d'en douter. Valbuena n'a pas réglé le problème du milieu droit parce qu'il n'a pas joué milieu droit. En revanche, quel excellent tireur de coups de pied arrêtés ! Il faut toujours un bon tireur dans une équipe, et avec lui et Ribéry, on est pas mal. Manque juste un gaucher... comme d'habitude.

Devant, Benzema a prouvé qu'il avait retrouvé la confiance qui le rend, selon moi, supérieur à un Olivier Giroud qui semble limité techniquement pour le haut niveau, selon moi, mais qui demeure une bonne solution de rechange en cours de match. Tant que Benzema, qui a des automatismes avec Ribéry, marque et se montre décisif, on ne peut pas le mettre sur le banc, même si ça ne fera pas plaisir aux amateurs de joueurs qui font joli - et Français de souche. De toutes façons, l’Équipe de France a besoin d'avoir des cadres qui assurent le job. Ribéry, qui est moins passé dans son couloir que d'habitude mais qui a fait expulser deux Ukrainiens, et a provoqué deux buts mardi soir, le fait régulièrement depuis deux ans. Si Benzema le fait aussi, on peut voir venir.

A plus tard !

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