jeudi 20 décembre 2012

Onze ans après

Salut à tous,

Avant de commencer, laissez-moi vous montrer quelque chose :



Ceci est le classement des buteurs de moins de 21 ans lors de la saison 2001-02 de Ligue 1. Comme vous pouvez le constater, beaucoup de noms connus, voire très connus, sautent assez vite aux yeux, et d'autres nettement moins. Rien de plus logique, vous verrez que chez les jeunes actuels, beaucoup réussiront à confirmer, et d'autres disparaîtront aussi vite qu'ils seront apparus, on en reparle dans 10 ans. C'est la loi du genre, en sport comme au cinéma ou dans la chanson, ou même n'importe quel milieu professionnel.

Avant de se pencher sur le destin de ces anciens espoirs, comparons avec le classement actuel des moins de 21 ans, ceux qui n'avaient donc à l'époque pas plus de 10 ans.



La Ligue 1 manque de jeunes talents

En dehors de la présence d'un gardien, l'autre principale différence est la très nette chute du pourcentage de buts marqués par les jeunes lors de la saison actuelle par rapport à il y a 11 ans : elle va du triple au simple (de 12,06 % à 3,86), et même un peu plus. Quasiment un but sur 8 étaient marqué par un jeune en 2001-02, aujourd'hui c'est un sur 25, soit un par journée en moyenne. Il faut dire que la présence d'un déjà phénoménal Djibril Cissé, qui n'avait pas tout à fait 20 ans au départ de la saison et qui allait marquer 22 buts, a pu jouer, puisqu'il allait marquer à lui seul plus d'un quart du total des jeunes (83). Regardons la saison passée, qui était comparable puisque le meilleur jeune se nommait Eden Hazard, et avait marqué 20 buts, contre 6 pour son suivant, Aboubakar : le taux était de 8,5 %. L'importance d'un jeune leader est donc importante, mais c'est aussi un peu l'arbre cachant la forêt. Même sans Cissé, les jeunes d'il y a 11 ans marquaient plus quand même.

Difficile de savoir pourquoi. Ce qu'on constate en regardant les classements, c'est que les jeunes provenant des "gros clubs" étaient plus présents : on y voit 4 Auxerrois, 2 Lensois (dauphins de Lyon cette année là), 3 Parisiens, 3 Monégasques... en revanche, les Lyonnais, champions, brillaient par leur absence. mais ça n'allait pas durer, c'était avant la génération des Benzema ou Ben Arfa. Cette année, parmi les rares jeunes buteurs, hormis le Marseillais J.Ayew ou le Lillois Sidibé, pas de Lyonnais, pas de Parisiens, pas de Montpelliérains, pas de Bordelais... c'est aussi ça, le rôle des clubs les plus riches : fournir en bons jeunes le football français, soit pour eux-mêmes et la sélection nationale, soit pour les clubs qui les suivent, et qui accueillent souvent les jeunes qui n'ont pas percé dans leurs prestigieux clubs formateurs, ou la concurrence est plus rude. Là, les plus gros clubs ne semblent pas franchement capables de remplir cette mission, alors qu'ils sont tous dotés de très bons centres de formation... d'ailleurs, parmi les 10 jeunes qui ont marqué cette année, trois seulement ont été formés par un gros club : Ayew (Marseille), Eysseric (Monaco) et Bahebeck (PSG).

Une très belle génération 2002

Penchons nous donc à présent sur ces jeunes qui sont a priori tous trentenaires, ou quasiment, et pour qui on peut donc légitimement jeter un oeil sur des carrières évidemment très variées, même si elles se ressemblent souvent. Ainsi, parmi les 23 lauréats, je compte 5
internationaux français : Cissé, Kapo, Mexès (trois Auxerrois, la dernière grande génération formée à l'AJA), Givet et Bernard Mendy. Le fait qu'aucun d'entre eux ne se soient réellement imposés en Équipe de France alors qu'ils faisaient partie des plus gros espoirs de leur génération démontre aussi ma théorie du creux générationnel qui a suivi le départ des grands anciens en 2006 : ce n'était pas QUE de la faute de Domenech, à qui on avait demandé d'intégrer les jeunes en 2004, avant de lui réclamer ensuite le retour des anciens au bout de quelques mois seulement. Problème, en 2006, la relève n'était toujours pas là. Malgré tout, Cissé a accumulé 41 sélections, et Mexès, 29. Pas mal, mais insuffisant compte tenu de leurs statuts en équipes de France de jeunes.

Regardons les autres. On note quelques noms très prestigieux, qui ont réussi de très belles carrières à l'étranger, carrières qui ne sont d'ailleurs pas terminées : Essien, Adebayor, Arteta... sans parler de El Hadji Diouf, qui est un cas un peu à part. On note aussi la présence de Souleymane Camara, encore à Monaco et qui marque toujours à Montpellier, après avoir longtemps végété à deux ou trois buts par saison dans divers clubs, mais c'est le seul à encore figurer dans un club actuel de Ligue 1. C'est étrange, vu que la plupart d'entre eux jouent encore. Le Ahamada de 2001-02 n'est pas le même que le gardien toulousain. Mais beaucoup évoluent à l'étranger, même en Belgique pour W.Dalmat, ou en Ligue 2 pour Adama Coulibaly, Kapo et Mathis.

Il y a aussi le cas de Pascal Feindouno, qui conservera longtemps un très bon niveau en Ligue 1, à Bordeaux puis à Saint-Étienne. Sont choix de partir au Qatar en 2009 lui sera cependant fatal, malgré une pige à Monaco, 5 matches qui lui permettront de faire partie de ceux qui seront descendus avec le club de la Principauté. Mais après un passage honnête mais bref à Sion, il se traîne désormais en D2 turque, à Elazigspor. En ayant marqué qu'une fois en 10 matches, un but en coupe, contre un club amateur.

Ceux qui ont échoué

D'autres sont libres, comme Bartholomew Ogbèche, l'ancien Nigerian formé au PSG, et qui a ensuite joué en Espagne notamment, en Liga même, mais dans un anonymat certain (Alavès, Valladolid, Cadix...). Il a aussi joué aux Emirats et récemment en Grèce, à Kavala. Après une dernière saison à Middlesborough, en Championship, il est libre depuis cet été. Pour Fodé Mansaré, le dribbleur fou de Montpellier puis Toulouse, l'attente est encore plus longue : il est sans club depuis l'été 2011, date de la fin de son contrat au TFC. Dommage, le Guinéen était un beau joueur, quand il voulait. Mais 18 mois d'inactivité... n'est pas Malbranque qui veut.

Enfin, il y a ceux qui ont disparu. Vous vous rappelez de Patrick Beneforti ? Un ailier gauche fin, une belle patte, un joueur doté d'un bel avenir. Dans l'Entraîneur 2005, on pouvait encore le recruter et en être très content. Mais le Bastiais de naissance et de formation n'a pas duré : après une année blanche à l'Udinese en 2002-03, Beneforti a commencé à fréquenter la Ligue 2 (Châteauroux, Istres) puis le National et le CFA avec le Gazelec puis le CA Bastia. Aujourd'hui il joue à... Furiani, le quartier, pas le stade, en ligue corse.

Et Abdoulaye Cissé ? L'attaquant brukinabé de Montpellier n'avait pas 18 ans au démarrage de la saison, durant laquelle il allait marquer 2 fois. Après avoir connu la Ligue 2 avec le club héraultais, il va ensuite rejoindre le Qatar, un petit passage en Arabie Saoudite avant de rejoindre l’Égypte (Masry, Zamalek) en 2010, où il joue toujours.

Et Bamogo ? Lui a donné l'impression de confirmer après ses 2 buts avec Montpellier, là encore, puisque 2 ans plus tard il en marquait 16, et signait dans la foulée à Marseille, où il ne parvenait pas à s'imposer, dans des effectifs à l'époque pourtant assez ordinaires (Fiorèse,
Koke, Luyindula, Marlet, Mido...). Un prêt à Nantes, un autre au Celta Vigo, puis un départ à Nice pù il aura toutes les peines du monde à marquer des buts (13 en quatre saisons, dont 12 lors des deux premières...). Il part ensuite en Grèce, en Championship, avant de découvrir le championnat bulgare cette année... no comment.  Il n'a réussi à accumuler que 6 sélections avec le Burkina Faso.

Ahamada ? A priori aucun lien avec le portier toulousain. Attaquant polyvalent prometteur à Nantes, il marque même un but contre le Bayern, à Munich, en Ligue des Champions, en mars 2002 (2-1), après un autre but prestigieux, la saison précédente à Porto, en Coupe UEFA cette fois (3-1). Deux buts, pour deux défaites, dommage. En janvier 2005 il effectue ce qu'on peut appeler un choix étrange de carrière, même s'il se traîne à Nantes, il part à Beira Mar, au Portugal. Il échoue, réapparaît en Ligue 2, à Châteauroux, qui a toujours eu le chic de recycler ce qui n'était pas recyclable, puis aux Émirats (même remarque), et puis le Brestois de naissance part en Bretagne... aujourd'hui il joue à Carquefou, en CFA.

Makhtar N'Diaye ? Il est pas loin, il joue à la Vitréenne, en CFA 2. Le Rennais de formation avait auparavant connu la Ligue 2 avec Sedan, puis... les Glasgow Rangers, où il ne joue que trois matches, avant quatre ans sans nouvelles... et Vitré, donc. Eduardo Costa ? Après Bordeaux, il joue à Marseille, où il ne casse pas la baraque, sinon quelques tibias. Il part ensuite à l'Espanyol Barcelone pendant deux saisons, puis au Gremio, Sao Paulo, avant un retour en France... enfin, à Monaco, assez furtif (15 matches), entre 2009 et 2011. Depuis il joue (peu) à Vasco. Pas mal, sans plus.

Sébastien Carole ? Alors lui, il faut être fort pour le remettre. Le milieu offensif monégasque avait marqué son seul but en Ligue 1 contre Nantes, pour une défaite à domicile (1-2). Suivent West Ham, en Championship, Châteauroux évidemment, puis un départ définitif pour l'Angleterre en 2005, où depuis il évolue surtout au troisième, voire au quatrième niveau, comme actuellement à Bury, près de Manchester. En Angleterre, le Martiniquais a marqué 5 buts en 131 matches, et ce en 13 saisons. La galère ? Connaît pas.

Vous l'avez vu, footballeur, ce n'est pas une sinécure, ça vous garantie une variété de carrières très large. Il n'empêche que ceux qui ont VRAIMENT brillé avant leurs 21 ans (Cissé, Benzema, Trezeguet, Giuly...) ont pour la plupart réussi. Mais pas tous : Ouédec, Maurice ou Bakayoko ont tous réussi à marquer plus de 12 buts lors d'une saison avant leurs 21 ans, sans réussir à vraiment confirmer.

A plus tard !

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