samedi 9 juin 2012

Lancement réussi pour l'Euro

Bonjour à tous,

Lors de chaque début de tournoi, il n'y a pas seulement l'excitation de voir enfin les matches débuter, il y a aussi une peur insidieuse, une peur qui ne dit pas son nom, que l'on n'assume pas, en se disant "non, pas cette fois, ça n'arrivera pas", tout en sachant, au fond de nous même, que ça arrivera quand même, parce que c'est toujours comme ça : la peur de se faire chier devant le match d'ouverture.

Séduisante Pologne

Déjà, le fait que le score de match d'ouverture le plus répandu depuis que le tournoi a adopté le système de poules, en 1980, soit 9 éditions désormais, soit le 1-1 (4) devant le 1-0 (3) et le 2-1 (2), et ce malgré l'absence totale de 0-0, nous indique bien qu'on entre rarement en fusion lors de ces matches qui voient toujours le pays organisateur débuter, les pieds tremblants, SON Euro, devant plusieurs dizaines de millions de téléspectateurs, hormis en 1980, en Italie, ou ce fut le tenant ouest allemand qui débuta contre la Tchécoslovaquie (1-0). Depuis, en 8 matches d'ouvertures, seules la France contre le Danemark en 1984 (1-0) et la Belgique contre la Suède, en 2000 (2-1) ont remporté leur premier match. Pour 4 nuls, on l'a vu, et 2 défaites, lors des deux dernières éditions : le Portugal contre la Grèce en 2004 (1-2) et la Suisse contre la République Tchèque, en 2008 (0-1). De ce point de vue, la Pologne ne s'en est donc pas si mal tirée, finalement. Mais débuter le tournoi n'était vraiment pas un cadeau pour elle.

On notera d'ailleurs l'étonnante évolution des scores de matches d'ouverture depuis 1980 : d'abord deux 1-0, puis trois 1-1 consécutifs, avant deux 2-1 d'affilée. Puis la série logique s'est stoppée en en 2008. Dommage, on aurait bien dégusté un 2-2 en hors-d'œuvre !

Si le score de Pologne-Grèce, une affiche qui, sur le papier, était une des moins sexy du plateau, il faut le reconnaître, est donc très banal (1-1), le déroulé de ce match est pourtant annonciateur, on l'espère du moins, d'une belle qualité de jeu et de matches échevelés. Si le score n'a pas été plus étoffé, c'est plus en raison de l'inefficacité des attaquants que de la volonté de jouer des deux équipes. Oh je sais bien, elles n'ont pas non plus déployé une qualité technique très exceptionnelle, loin de là, mais elles ont essayé de jouer et de proposer du jeu. Même la Grèce, c'est dire. Comme quoi, un entraîneur peut vraiment avoir une influence sur le jeu de son équipe. On sent que Rehhagel n'est plus aux commandes, et que l'équipe héllène a envie de voir Troie, le but adverse quoi, un peu plus souvent que lorsque l'entraîneur allemand était aux manettes.

Pourtant, c'était plutôt parti pour être un cavalier seul de la Pologne, que j'avais annoncé, dans un post précédent, comme une possible surprise dans ce tournoi. Le score ne lui a pas été favorable, mais son début de match a montré qu'elle possédait un arsenal offensif particulièrement performant, en tous cas sous-estimé par la plupart des observateurs. Ben oui, ça fait bien longtemps que la Pologne, ce n'est plus le duo Boniek-Lato, parfait soutien de Szarmach... Trois décennies de sélections polonaises souvent présentes, mais toujours insignifiantes en phase finale, ont mis à bas le statut flatteur de la Pologne, demi-finaliste mondiale en 1974 et 1982. Du coup, elle est négligée par tous les pronostiqueurs, mais avec dans ses rangs trois titulaires du Borussia Dortmund, double champion d'Allemagne, et un Obraniak également sous-estimé en Ligue 1, la Pologne a les moyens de bousculer beaucoup d'équipes dans ce tournoi.

Et elle a mangé la Grèce, du moins en début de match. Notamment sur le côté droit, le point fort polonais, avec Piszczek en latéral et Blaszczykowski en milieu offensif (c'est la dernière fois que je recopie leurs noms), et face à un Holebas en très grande difficulté. Heureusement que le valeureux Samaras l'épaulait dans son couloir... De l'autre côté, Rybus a eu plus de mal à déborder Torossidis, un client au poste de latéral mais très méconnu, là encore. Mais quand vous totalisez 45 sélections à 26 ans, même avec la Grèce, et que vous avez déjà disputé 32 matches européens, dont 17 de Ligue de Champions, c'est que vous n'êtes pas complètement manchot non plus.

Heureusement, il y avait Obraniak. Comme toujours fin technicien, à l'œil avisé et toujours prompt à vous trouver un espace là où il n'y en a pas, le Franco-Polonais a fait très mal à la lourde arrière garde grecque. C'est lui qui est à l'origine du but de Lewandowski, avec un lancement idéal de la fusée Piszczek (ah ben si je l'ai re écris) qui centrait pour son avant-centre, auteur de 30 buts toutes compétitions confondues avec Dortmund, dont 22 en championnat. Sa tête était beaucoup plus difficile à mettre en lucarne qu'on pourrait le croire, surtout avec un rebond... et ce malgré la sortie affreuse de Chalkias.

La Grèce attaque enfin

Et puis, après cette illustration parfaite de la supériorité polonaise, les hommes de Smuda ont voulu géré. Ou bien ils ont eu du mal à gérer mentalement cet avantage. Toujours est-il qu'ils ont laissé les Grecs revenir dans ce match, accumuler les coups de pied arrêtés dangereux - s'ils jouent moins défensifs, ils ont quand même conservé les mêmes armes qu'en 2004 -  puis, malgré l'expulsion sévère de Papasthatopoulos, revenir au score, sur une superbe sortie ratée de Szczesny, que je tenais pourtant en haute estime...

Et puis il y a eu le penalty, après l'expulsion du gardien d'Arsenal, qui va devoir être très refaire pour renaître de cette entame ratée. Et l'entrée dantesque de Tyton, qui parvenait à détourner le penalty, il est vrai téléphoné mais frappé par un spécialiste, de Karagounis, déjà présent en 2004. La suite fut une longue domination grecque, vaine, malheureusement pour eux.. Il y eu bien un but refusé pour eux, encore par Salpingidis, mais il était bel et bien hors-jeu, contrairement à ce que les commentateurs de M6, Denis Balbir et Jean-Michel Larqué, avides d'erreurs d'arbitrage pour avoir du grain à moudre.

Malheureusement, parce que certes, j'en veux toujours à cette équipe d'avoir fait du mal au football en remportant l'Euro 2004 de la pire des façons, c'est-à-dire en défendant jusqu'à la caricature. Mais il faut reconnaître qu'un bon parcours de sa part fera peut-être un peu de bien à son peuple, même si ce dernier a probablement d'autres chats à fouetter. Mais la Grèce est folle de foot, et si sa sélection va loin, ça ne lui fera pas de mal. En tous cas hier, elle a du être fière de son équipe, enfin conquérante, à défaut d'être convaincante sur le plan du jeu. Hormis Karagounis et Salpingidis, et le jeu intelligent de Samaras, ça manque quand même pas mal de technique dans cette équipe.

La Russie prend une option

Plus tard, dans la soirée, la moyenne de buts a pris un petit peu d'avance. Dominée en début de match, la Russie a ensuite démonté la défense tchèque a coup d'accélérations, de passes dans le trou et d'habileté devant le but, une nouveauté chez elle, et transformant Petr Cech en piquet. Et ce grâce à un Arshavin toujours aussi fort, mais dont la popularité a souffert de son sale caractère et de son irrégularité. Mais c'est un génie du football, pas de doute. Et la Russie s'est trouvée un autre crack en la personne d'Alan Dzagoev, auteur d'un doublé. Celui-ci, qui fêtera ses 22 ans dans 12 jours, cartonne déjà depuis 4 ans au Lokomotiv Moscou, et pourrait bien vite rejoindre un championnat plus relevé dans les prochains mois s'il confirme son début d'Euro. Et la Russie, déjà séduisante en 2008 mais absente au Mondial 2010, si elle passe cette poule largement à sa portée, pourrait bien faire souffrir un des ressortissants du groupe de la mort en quart de finale, l'Allemagne, les Pays-Bas, le Portugal, voire le Danemark... on en saura un peu plus ce soir, avec les premiers matches de ce groupe.

Je vous laisse !

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