mardi 12 juin 2012

La France sans tête

Salut à tous,

On va faire un post en deux temps : d'abord je vais revenir en stats sur les premiers matches de chaque groupe, qui se sont achevés hier. Ensuite, je reviendrais sur la performance des Bleus contre l'Angleterre. Ça vous va ? En même temps c'est moi qui décide ici.

Les équipes de l'est en forme

Rassurez vous, pour ceux qui n'aiment pas les chiffres, ça va aller vite, du moins je l'espère.

- La moyenne de buts (2,5) est à la fois satisfaisante et moyenne : elle correspond à celle constatée depuis la création de l'Euro, en 1960 (2,47). Du fait de l'homogénéité des groupes, et donc de l'absence à la fois du Brésil, de l'Argentine mais aussi de petites équipes, on marque en général moins de buts qu'en Coupe du Monde (2,57 sur les 10 dernières). C'est aussi à peu près la même qu'il y a 4 et 8 ans (2,48), nettement moins qu'en 2000 (2,74) mais nettement mieux qu'en 1996 (2,06). Moyen, quoi. Notons quand même que c'est également la même moyenne que celle de la Ligue 1 cette saison (2,52)... Mais attendons, on n'en est qu'au début.

- D'ailleurs, le score le plus répandu est - déjà - le 1-1 (3) devant le 1-0 (2).

- Seulement trois équipes ont marqué plus d'un but lors de leur entrée en matière : le Russie, la Croatie et l'Ukraine, avec à chaque fois le doublé d'un joueur (Dzagoev, Mandzukic, Shevchenko). De là à penser que jouer à l'est avantage certaines équipes... on va attendre de voir la suite avant de se prononcer. Mais seule la République Tchèque s'est inclinée parmi les ressortissants de l'est... contre la Russie.

- Sur les 20 buts déjà inscrits, il y a eu énormément de buts de la tête (8), presque autant que du droit (10) tandis que les buts du gauche se font rares (2). Il y a eu 7 buts de milieux et 2 de défenseurs. Et le championnat russe est bien représenté (4 buts), avec la Bundesliga et la Premier League, également 4 buts. A noter les 2 buts pour la Serie A et le championnat ukrainien et l'unique but pour la Liga (Fabregas). On attends toujours un but pour la Ligue 1.

- Par ailleurs, il y a eu déjà 12 passes décisives dans le jeu (60 %), ce qui montre une certaine qualité de jeu.

- Pour l'instant les équipes marquent très peu en fin de match, comme c'est souvent le cas d'ordinaire. Il y a eu certes 2 buts de plus en deuxième mi-temps qu'en première (11 contre 9) mais le quart d'heure le plus chargé est celui qui a suivi la mi-temps (6) et non celui qui termine le match (2). Le deuxième quart d'heure (16-30) est également riche en buts (5).

Les Anglais en mode Chelsea

Voilà, maintenant passons à la France, et cette entrée en matière compliquée. Pour la première fois depuis bien longtemps, elle était favorite de ce "crunch" - je sais que j'ai choqué certains supporters de rugby avec ce terme emprunté lors de mon post précédent, alors maintenant je mets des guillemets - mais personne n'avait imaginé que ce serait facile. Beaucoup avaient déjà deviné comment ça se passerait : le ballon pour les Français, qui allaient le tripoter à outrance face à des Anglais attentistes, et seulement offensif sur les coups de pieds arrêtés et les contre. Bref, une Angleterre façon Chelsea, sur lequel vous connaissez mon opinion, très sévère. C'est très exactement ce qui s'est passé, ce qui est plutôt rare en football.

Face à une défense d'un tout autre niveau que celle de l'Estonie, et qui était particulièrement bien protégée par une deuxième ligne de 4 parfaitement coulissante, la France a fait ce qu'elle a pu avec les armes qu'elle avait. A savoir un Ribéry véritablement retrouvé - on a eu chaud, un mois de plus et on le perdait - et un Nasri enfin saignant. Les deux ont d'ailleurs construit le but français, qui lui n'est pas banal : les frappes victorieuses de ce style, de 20 mètres, sont si rares en Équipe de France que j'ai grand peine à m'en souvenir d'une seule récente La France était construite pour jouer dans les petits espaces, déborder, dribbler, permuter, et elle marque un but de loin. Là, le football retrouve sa nature primesautière.

En revanche, le but qu'elle encaisse, sur un coup de pieds arrêté, est un grand classique. Diarra est battu sur le duel, ce qui arrive à tout le monde mais qui est dommageable quand même. Que Lloris n'essaie pas au moins d'intervenir des deux poings, alors que Lescott se retrouve dans ses 6 mètres lorsqu'il marque de la tête, est encore plus embêtant. A ce niveau comme à ceux d'en dessous, un gardien doit au moins être maître de son rectangle, sinon il ne s'en sort pas. Surtout face aux Anglais...

Benzema en mode Anelka

Ce match a été un des plus pauvres en rythme de la compétition, pour l'instant. Rien à voir avec le 1-1 d'avant-hier entre l'Espagne et l'Italie, par exemple. La faute à la chaleur et au manque d'expérience des Bleus, qui n'ont pas réussi à bouger un bloc resserré, par exemple en changeant de rythme, en écartant le jeu et en centrant. L'autre solution, la frappe de loin, a fonctionné mais pas suffisamment. En même temps, à quoi ça aurait servi de centrer ? Benzema n'était JAMAIS dans la surface lorsque Ribéry ou les latéraux français étaient en position de centrer. Lorsque Debuchy, en deuxième mi-temps, chipe un ballon dans les pieds d'un défenseur anglais et est en position idéale pour donner un but, où était Benzema ? Personne n'avait suivi le pressing du défenseur lillois ! De quoi enrager, franchement. Ça ne donne pas envie d'aller presser les défenseurs... C'était vraiment une occasion énorme.

Avec le placement de Benzema, on en revient au début sur Anelka en Afrique du Sud, il y a 2 ans. Lui aussi dézonnait, mais à lui on le lui avait sévèrement reproché. Même Domenech le lui avait reproché, ce qui lui avait valu les fameuses insultes que l'Équipe avait cru bon d'afficher sur sa une, à la vue de toute la population, même mineure... alors qu'elles étaient manifestement erronées, d'ailleurs. On attends toujours le mea culpa des décideurs de l'époque.

Si encore la France avait évolué en 4-2-3-1, Benzema aurait pu dézonner, puisqu'il aurait eu un attaquant de soutien ou un meneur pour le suppléer dans l'axe. Mais dans un 4-3-3 de ce style, s'il recule, qui occupe la pointe ? Malgré toutes ses réclamations et ses statistiques honnêtes, Benzema ne sera jamais un grand buteur. Ses stats au Real sont bonnes, mais quand on est avant-centre d'un Real qui marque plus de 100 fois, 21 buts, c'est pas fabuleux non plus. Oui, Ronaldo en a marqué la moitié, mais il en restait quand même pas mal... Et ses 15 buts en 46 sélections sont encore une fois honnêtes, mais pas fabuleux non plus.

Anelka, lui, n'avait jamais caché qu'il n'aimait pas rester seul en pointe, qu'il était plus un attaquant de soutien et qu'il avait donc besoin de soutenir quelqu'un. Jamais il n'a affirmé qu'il était un buteur, et ses stats en sélection le confirment (14 buts en 69 matches). En revanche, Benzema a toujours réclamé de jouer dans l'axe, et que son idole était Ronaldo. Or, hormis avant ses blessures, lorsqu'il pouvait éliminer toute une défense à lui tout seul, le Brésilien revenait rarement participer au jeu, et lorsqu'un ballon arrivait dans la surface, il était toujours là, à la réception. Il pesait, quoi.

La défense rassure

En 4-3-3, avec des centreurs de la qualité de Ribéry, Debuchy et même Evra, sur le match d'hier, il aurait mieux fallu faire jouer Giroud que Benzema, je dois le dire. Lui aurait sans doute plus été à la réception des centres de ses coéquipiers, il aurait été un bon appui, un relais pour ses partenaires. Mais le Montpelliérain n'est pas entré en jeu, contrairement à Martin et Ben Arfa... deux passeurs supplémentaires, mais pour qui ? Depuis 2 ans, la France a surtout brillé à l'extérieur, quand elle n'avait pas à faire le jeu, comme en Bosnie (0-2), en Angleterre (1-2) ou en Allemagne (1-2). Hier, elle a encore échoué à imposer le sien, faute d'une pointe au niveau.

La défense, en revanche, a signé un gros match, bien aidée par celui de Diarra, énorme à la récupération. Dans la minute précédant le but, il récupère trois ou quatre ballons de relance anglais... Si Rami a été hésitant, Mexès a rassuré. Toujours bien placé, voire même rapide, le Milanais a montré, comme je le disais hier, que dans les gros matches il était là, et que ses matches amicaux ratés étaient sans doute le résultat d'une préparation difficile à avaler après une saison compliquée en Lombardie.

Chez les Anglais ? Pas grand chose à dire. Ils ont tiré 3 fois, cadré une fois (sur le but), contre 19 tirs français, dont 15 cadrés ! Ils ont démontré que Rooney était difficilement remplaçable, même si Welbeck n'a pas démérité. Sur les côtés, Milner a tout raté, alors que Oxlade-Chamberlain a impressionné. Mais la patte de Gerrard, qui ne cours plus, reste d'une qualité rare. Bref, une équipe assez ordinaire, quand même. mais qui garde toutes ses chances de qualification, comme nous... celui qui se ratera lors du prochain match sera dans une situation compliquée.

Allez, à plus tard !

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