vendredi 29 juin 2012

Des demies contrastées

Salut à tous,

On a eu droit à deux demi-finales extrêmement contrastées, qui débouchera donc forcément sur une finale du même acabit, une véritable opposition de style. Moi perso j'ai vraiment hâte de voir ça !

L'ennui puis le plaisir

Les deux matches promettaient beaucoup : des Espagnols toujours intouchables techniquement et dans la maîtrise, face à des Portugais très convaincants et pouvant enfin compter sur un Ronaldo au niveau, dans un derby ibérique forcément très chaud, d'un côté ; un grand classique du football, qui a toujours réservé de grands moments, entre une Allemagne qui avait fait la meilleure impression dans ce tournoi (4 succès) et des Italiens solides et enfin joueurs, portés par leur invincibilité face aux Allemands en matches officiels. Les deux matches ont été aussi différents que possible.

Le premier promettait d'être un sommet de technique, voire un festival de buts - c'était mal connaître ces deux défenses, peut-être les meilleures du tournoi -, on a eu droit à une deuxième montagne d'ennui consécutive après Angleterre-Italie... voire une troisième avec Espagne-France. Au final et comme prévu, on a eu droit à 12 petits buts lors des six matches à élimination directe. Merci à l'Allemagne-Grèce (4-2) qui gonfle un peu les statistiques... sinon on tourne à 6 buts en 5 matches, dont 3 hier !

D'un côté, l'Espagne a conservé sa fantastique faculté à faire tourner n'importe qui en bourrique par sa possession de balle, son rythme et sa technique sans faille, même si le Portugal, par son agressivité et son pressing, a réussi à lui chiper le ballon pour une des premières fois depuis des lustres (54 % !). De l'autre, une Seleçao solide, mais qui n'a pas réussi à suffisamment perforer le mur espagnol, se créant donc un minimum d'occasions, même si elles furent plus nombreuses. Ronaldo a été tenu à la limite du légal parfois par Ramos et Arbeloa, ses partenaires au Real (ce match ressemblait à un match d'entraînement à Madrid, ils étaient trois côté portugais et quatre côté espagnol !) mais il s'est créé les deux meilleures occasions lusitaniennes. De leur côté, les tenants des titres n'en ont eu qu'une seule véritable, par Iniesta en prolongation, une occasion quasiment inratable. Après, les montants du but ont choisi l'Espagne, sans doute plus par respect de l'institution que par justice. Objectivement, les Portugais auraient un peu plus mérité de passer. Mais ce sport est trop aléatoire pour que les critères de justice et de mérite soient vraiment décisifs, surtout quand les débats sont aussi équilibrés.

Malgré tout, on a tout de même constaté - ou constaté de nouveau - que les Espagnols, dont certains dépassent les 30 printemps, ont d'abord nettement perdu en percussion devant - Villa n'est pas là, et Torres plus vraiment, qu'il joue ou pas - ce qui nuit à la fois à leur efficacité et au spectacle, qui était merveilleux en 2008 mais déjà beaucoup moins en 2010, et plus du tout en 2012 ; mais surtout que physiquement, ils étaient un peu en souffrance. Voir Xavi quitter la pelouse à la 87e minute est un évènement presque aussi important qu'aurait été une élimination de son équipe. Lui, ce marathonien aux 130 ballons touchés par matches, aux 90 % de passes réussies, qui joue tous les matches depuis 10 ans et ne sors jamais, aura manqué de souffle sur ce match où les Portugais, qui bénéficiaient certes de deux jours de repos supplémentaires, les auront presque plus fait courir que l'inverse. Au fond, le boulet n'est vraiment pas passé loin pour le tenant, qui devra retrouver un peu de souffle en finale. Pour l'instant sur cet Euro, Pirlo est infiniment plus impressionnant que son futur vis à vis catalan.

On a donc bien dormi devant ce match qu'on se faisait pourtant une joie de déguster. Quel gâchis ! Mais tout cela était prévisible. Les deux équipes se connaissent sur le bout des ongles. Je l'ai dit, 7 des 22 acteurs au coup d'envoi et à la fin du match évoluaient au Real Madrid. Les Portugais du champion d'Espagne connaissaient également parfaitement leurs adversaires, qui évoluaient tous en Liga, à l'exception de Silva (City), qui vient de rater ses deux derniers matches après un début de tournoi époustouflant, et notamment les Catalans Piqué, Xavi, Iniesta, puis Fabregas et Pedro, entrés en jeu. Bref, c'était un affrontement Karpov-Kasparov, long, tendu, fermé, extrêmement tactique, entre deux adversaires se connaissant par cœur. Comment pouvait-on les imaginer se déchirer, faire une erreur ? Ramos, ou Arbeloa, lâcher Ronaldo, qu'ils côtoient tous les jours depuis trois ans ?

Et puis il y eut également la tension entre deux voisins à l'Histoire longue comme l'Humanité. Neuf cartons jaunes, record du tournoi. Difficile de faire du jeu entre les crampons volants. Le seul Pepe, rasséréné par ce match fleurant bon le Clasico, a fait plus de fautes en un match que lors des quatre précédents !

Bref, tout l'inverse du match d'hier.

Balotelli crève l'écran... et les filets

Vingt-cinq tirs au total, dont 15 pour les Allemands, 13 cadrés (8 pour la Mannschaft). Quatorze corners à zéro pour les hommes de Löw, et 45 centres à... 4 (dont les corners). 54 % de possession germanique. Seulement 30 fautes en 90 minutes (52 en 120 pour l'autre demi-finale), dont 18 pour l'Allemagne. Bref, cette dernière a dominé, c'était attendu vu que c'est son jeu, surtout qu'elle a été menée au bout de 20 minutes, l'obligeant à accentuer sa domination pour revenir au score. Mais si l'Italie a concédé des tirs, ces derniers furent finalement rarement dangereux car souvent lointains, et elle a maîtrisé son sujet, ne se contentant pas de défendre comme à ses plus belles heures. Si son deuxième but, sublime dans sa conclusion mais résultant d'une erreur de débutant de Lahm, est le fruit d'une contre-attaque suite à un corner allemand, le premier est la conclusion d'une véritable possession italienne, face à une défense teutonne en place. Enfin, d'apparence... Cassano a ridiculisé Boateng et Hummels sur son côté gauche, et Balotelli, enfin efficace face au but, ce qui valide son jeu fait de prises de risque et de puissance, a profité du marquage façon Rami de Badstuber pour fusiller le pauvre Neuer à bout portant. En gros, les quatre défenseurs allemands, déjà à la peine face à la terrible Grèce (4-2), ont complètement failli sur ce match, et auraient pu être plus sévèrement sanctionnés sur les contres italiens en deuxième mi-temps. Tu as beau jouer très bien, si t'as défense ne fonctionne pas, tu ne peux pas gagner de tournoi, quel qu'il soit.

Ça fait quatre fois de suite que l'Allemagne, tellement séduisante dans le jeu, souvent la plus impressionnante des équipes, se retrouve piégée en demi-finales ou en finale par une équipe un peu moins flamboyante, mais un peu plus équilibrée. Bref, l'Allemagne est devenue la France d'avant les années 90, celle qui jouait le mieux mais ne gagnait rien, à cause d'une défense en gruyère. En 2014 ou en 2016, elle pourrait bien avoir des joueurs dans son effectif qui n'étaient pas nés lors de la dernière victoire allemande lors d'un grand tournoi, en 1996... ce qui n'était encore jamais arrivé dans son Histoire ! Des Espagnols qui gagnent, des Italiens offensifs, des Allemands glorieux perdants... vraiment, le foot, c'est plus ce que c'était. Par contre, le Portugal avec de bons ailiers mais sans avant-centre, ça n'a pas changé.

En tous cas, Balotelli a démontré pas mal de choses hier. Je ne sais pas ce qui s'est passé entre les quarts et la demie, mais cette fois il n'a quasiment rien raté. Si Pranbdelli le gardait, c'était surtout grâce à sa grande capacité à se créer facilement des occasions, par sa technique ou sa puissance, quitte à ce qu'il gâche un peu devant le but. Son deuxième but, dans la même position que son remplaçant Di Natale en deuxième période, où il propulse une frappe instantanée en pleine lucarne, là où en général les tentatives des attaquants sont trop croisées ou trop enlevées, est un chef-d’œuvre de maîtrise technique, digne d'un très grand buteur. Ça peut aussi s'appeler la réussite... Ronaldo s'était essayé au même geste contre l'Espagne, mais pied gauche, avec à l'arrivée quelques pigeons décimés. Un but de renard, un autre de buteur, s'il parvient à conserver ces bonnes vibrations, il peut nous sortir une très bonne saison à City l'année prochaine !

A noter que lors de la finale, il sera le seul buteur à trois buts, en position donc d'être sacré seul meilleur buteur, Gomez, Mandzukic, Ronaldo ou Dzagoev étant déjà éliminés. Donc à moins d'un doublé de Fabregas, Torres ou Xabi Alonso... ou alors on aura 5 meilleurs buteurs ou plus, une première pour un grand tournoi. Et avec un score aussi faible, on n'aura jamais vu ça depuis le passage à 16 équipes, en 1996...

Bref je reviendrais un peu plus tard pour préparer cette finale avec vous ! A plus tard !

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