dimanche 8 avril 2012

Le Clasico disséqué

Salut à tous,

Parlons un peu de ce Clasico qui s'annonce. Je sais, je ne suis pas vraiment le seul dans ce cas aujourd'hui et depuis plusieurs jours. Alors, plutôt que de parler de "Dramatico", des égos de certains joueurs ou des prises de bec des autres, contentons nous de nous pencher sur les antécédents de ce match.

D'abord, sur le plan sociologique et géographique, ça ressemble plutôt à Barcelone-Real qu'aux autres "Clasico" dans le monde, dans le sens où il n'y a pas d'honneur régional en jeu, ce n'est pas un derby, même de loin. C'est même justement le problème : deux villes éloignées de 1000 kilomètres, et d'un peu plus culturellement, la capitale contre une des plus grandes villes de France, un des symboles de la Province souhaitant s'émanciper le plus possible de la puissante cité parisienne, qui aurait tous les pouvoirs, paraît-il. Il n'empêche que hormis en Espagne ou en Allemagne, difficile de trouver un pays plus décentralisé que la France, même si évidemment son gouvernement et ses ministères se trouvent tous dans la capitale. Où est-ce le cas ailleurs ? Imagine-t-on un pays où les lieux de pouvoirs nationaux se situeraient ailleurs que dans la Capitale ? Il en faut bien une, de Capitale... enfin bref, passons.

Marseille nettement devant

D'une manière générale, il s'agit du 78e duel entre les deux clubs, toutes compétitions confondues, mais seulement le 66e en Ligue 1, ce qui veut dire qu'ils n'ont passé que 33 saisons ensemble. Normal, puisque le club parisien n'a que 40 ans... Il n'empêche, ce duel est presque autant un classique en Coupe de France (10 matches) qu'en Ligue 1. Je ne vous apprendrais rien si je vous disais que les Olympiens dominent les débats, avec six succès d'avance (32 à 26), un bilan encore plus avantageux en championnat (31 à 18 !). Ça veut dire qu'en Coupes, le PSG n'a perdu qu'une fois en 12 duels, pour 8 succès, ce qui confirme son statut historique d'équipe de coupes.

Dix-huit victoires, 16 nuls et 31 défaites, 72 buts à 91, c'est donc le bilan en championnat entre les deux équipes. Au Parc des Princes, le PSG domine de très peu : 13 succès à 9, 43 buts à 36. Si le club s'était imposé la saison dernière (2-1) il avait lourdement chuté l'année précédente (0-3) et l'année d'avant encore (1-3). D'ailleurs, le club phocéen n'a perdu qu'une seule fois lors de ses six dernières visites Porte d'Auteuil (3 nuls, 2 succès). Avant la victoire de novembre 2010, il fallait remonter à novembre 2004 pour retrouver un succès du PSG dans son antre (2-1). C'était alors sa quatrième d'affilée contre son meilleur ennemi, toutes compétitions confondues...

Chacun son tour

Ce duel est souvent une histoire de cycles. Ainsi, on l'a vu, les derniers duels ont surtout tourné en la faveur des Marseillais, qui n'a perdu que deux fois en 11 matches contre le PSG, tous terrains et compétitions confondues, et 3 fois en 15 matches de championnat. Il y a une petite dizaine d'années, la tendance s'était brièvement inversées, notamment lorsque Ronaldinho brillait à Paris : huit succès consécutifs entre le 26 octobre 2002 et le 10 novembre 2004, dont cinq en championnat. En revanche, lorsque le PSG avait battu Marseille le 4 mai 1999, privant du titre le club phocéen (2-1), il restait sur... neuf ans et 13 matches sans succès contre l'OM en championnat, si on excepte la demi-finale de la Coupe de France 1995 (2-0), contre des Marseillais alors en Ligue 2, et s'appuyant sur des cadors comme Didier Wacouboué, Joël Cantona ou Franco Vignola...

Ce qui est intéressant de constater, c'est l'influence qu'a eu la médiatisation "forcée", instaurée notamment par Canal Plus au début des années 90 histoire de vendre encore mieux son produit, de ce duel. Avant l'été 1990, le PSG recueillait 0,88 points par match contre Marseille (avec la victoire à deux points), contre 0,91 depuis. Sur ce plan là, c'est vrai que l'évolution est mince. Sauf qu'il faut considérer les années 70 comme les débuts du jeune PSG face à un mastodonte comme l'OM, qui, en 1972, venait de gagner deux titres de champion et faisait souvent jeu égal avec le grand Saint-Étienne. Résultat, dans les 70's, Paris n'a pris que 0,71 points par match contre ce qui n'était pas encore son grand rival.

En revanche, les années 80 ont vu l'avènement à un plus haut niveau du club parisien, champion en 1986 et vainqueur de deux Coupes de France, tandis que Marseille tentait de se relever de son passage à l'étage inférieur, entre 1980 et 1984. Résultat, de 1980 à 1990, ce sont les Parisiens qui mènent légèrement les débats (1,08 points par matches), face à un OM qui sera quand même champion deux fois, en 1989 et en 1990. Survient alors la médiatisation évoquée plus haut, la création artificielle de l'antagonisme entre deux clubs qui, jusque là, ne se calculaient pas plus que les autres. Et là, les chiffres s'inversent.

Alors que dans les années 90, Marseille connaîtra à nouveau une période en Ligue 2 (1994/1996) mais aussi deux autres titres de champion (1991, 1992, sans parler de 1993, qui lui avait été retiré suite à l'affaire VA-OM), le PSG, qui lui va être un de 10 meilleurs clubs européens de la décennie, avec une victoire en Coupe des Coupes, une finale l'année suivante ainsi que 5 demi-finales européennes consécutives, est dominé dans les duels (0,95), avec à la clé une seule saison à plus de deux points contre son adversaire, en 1998/1999 (3 points), alors que le club ne jouait que la 9e place... l'année de son deuxième titre, en 1993/1994, le PSG ne prendra qu'un point.

Alors que les résultats de Marseille ne sont pas forcément meilleurs que les siens depuis 20 ans, du moins sur le plan des titres (dans les années 2000, l'OM a pris en moyenne 3,6 points de plus que le PSG, qui en a pris 0,08 de plus durant la décennie précédente), Paris a semble-t-il récupéré un complexe d'infériorité particulièrement tenace face à un adversaire, contre qui il avait perdu ses premiers matches véritablement médiatisés, ce qui l'a manifestement marqué au fer rouge. Depuis, une victoire du PSG dans le Clasico semble presque un exploit pour ses supporters, qui vivent ces rares évènements comme des victoires européennes, ou presque. Chacun d'entre eux se souvient de chacune d'entre elles comme des victoires sur le destin, l'adversité. C'est sans doute aussi le cas pour leurs vis-à-vis sudistes, mais pour d'autres raisons que le seul enjeu sportif...

Pauleta dans son jardin

Autre particularité du Clasico : le PSG domine son adversaire sur un plan, celui du meilleur buteur depuis 1990, Pauleta (6 buts). Étonnant de voir que si les joueurs marseillais (hors csc) ont marqué 12 buts de plus que les Parisiens (55 à 43) sur cette période, leurs meilleurs buteurs se nomment Maurice, Boksic, Niang, Van Buyten et Battles, et émargent à trois buts. Ils devancent quelques joueurs inattendus, comme Boli, Cana ou Heinze (2 buts). Dans le même temps, l'Aigle des Açores domine trois joueurs à trois buts également, Leroy, Ronaldinho et Hoarau. Ce dernier fait partie des trois Parisiens actuels ayant déjà marqué lors d'un Clasico, avec Luyindula (2 buts) et Chantôme (1 but), pas spécialement des titulaires. Côté Olympiens, ils sont cinq, Ayew (2 buts), Amalfitano, Cheyrou, Rémy et Valbuena (1), qui eux jouent plus régulièrement... Ce qui sera sans doute un avantage, ce soir.

A noter également que plusieurs joueurs ont marqué contre leur ex ou futur club, comme les Parisiens Leroy, Fiorèse et Luyindula, qui ont chacun marqué 2 buts contre Marseille, ainsi que Weah, futur et éphémère joueur de l'OM en 2000/2001, et les Marseillais Maurice (3 buts contre le PSG), Cana (2), Fournier, Gravelaine et Pouget (1 but chacun). A noter que Gabriel Heinze, lui, a d'abord brillé contre Marseille (1 but) avant de rendre ses anciens supporters malades, une fois passé chez l'ennemi (2 buts)... C'est le seul dans ce cas.

Ce qui est bien avec les stats, c'est qu'elles auront très probablement évolué dans quelques heures ! A plus tard, donc ! Et n'hésitez pas à réagir !

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