vendredi 9 mars 2012

Lyon, le bout de la route ?

Salut à tous,

Depuis plusieurs jours, les spécialistes du foot, qui sont presque aussi nombreux que ses protagonistes, voire beaucoup plus nombreux si on compte les blogs tels que celui-ci, cherchent à savoir UNE chose primordial : est-ce la fin du grand Lyon ?

J'en ai déjà parlé sur ce blog, à plusieurs reprises même : contrairement à ses voisins européens, à part, à un degré moindre, l'Angleterre, le football français marche par cycles. Notamment sa façade professionnelle : on a certes des clubs qui ont été plus longtemps et surtout plus souvent devant les autres, tels que Marseille, Bordeaux ou Monaco, voire Nantes. Mais les autres, comme le PSG, Saint-Étienne, Reims ou Lyon, ont eu une ou deux périodes fastes, d'environ 20 ans en général, avant de reculer dans la hiérarchie, rentrer dans le rang. Les Verts, par exemple, ont strictement brillé entre 1957 et 1982, glanant durant cette période de pile 25 ans dix titres, six Coupes de France et une finale de Coupe des Champions.

A l'aune de cette tradition tout particulièrement locale, on ne pouvait que prévoir que Lyon allait baisser de rythme. Lyon a progressé de façon exponentielle dans les années 2000, puis a tapé le plafond en Ligue des Champions, notamment contre le PSV Eindhoven ou Milan, avant de régresser. A partir de l'arrivée de Jean-Michel Aulas en 1987, et après une remontée (1989) et une décennie passée à vivoter entre la deuxième (1995, dommage la Ligue des Champions était réservée à ces derniers...) et la 14e place (1993), le club rhodanien a remporté trois titres d'affilée avec les dents, remportant à chaque fois la mise de justesse, souvent lors de la dernière journée. Qui se souvient de ce match décisif contre Lens, alors leader, lors de la dernière journée de 2002, pour le premier titre, et remportée (3-1) par des Lyonnais qui rentraient ainsi dans l'histoire, tout en plongeant leur hôte dans le début des difficultés qui l'ont envoyé là où il est aujourd'hui, à savoir en Ligue 2 ? Deux saisons plus tard, l'OL comptait 10 points de retard sur Monaco et trois sur le PSG, au soir de la 20e journée. Il finira champion avec respectivement quatre et trois longueurs d'avance sur ces derniers, le premier, notamment, payant son manque de banc et son parcours en Ligue des Champions, conclu en finale contre le Porto de Mourinho (0-3)...

A partir de 2004 en revanche, les écarts vont se creuser : 12 points sur Lille en 2005, 15 sur Bordeaux en 2006, 17 sur Marseille en 2007, mais seulement 4 en 2008 sur les Girondins. Entre temps, selon moi, la cassure entre la courbe ascendante des Lyonnais et le début de la courbe descendante sur laquelle ils tentent de ne pas glisser aujourd'hui est survenue au milieu de la saison 2006/2007.

A la trêve, le Lyon de Gérard Houiller s'est baladé : 50 points de pris sur 57 possibles, soit 15 de plus que son poursuivant Lensois, et une différence de buts de +28 ! L'OL a gagné 16 matches sur 19, pour deux nuls et une défaite... à ce moment-là, on a l'impression qu'une division entière sépare Lyon, qui fait partie intégrante du top 10 européen, de ses adversaires, et on ne doute pas une seule seconde que le club de Jean-Michel Aulas a signé pour une décennie de succès sans interruption. Le PSG est 16e à 31 points, Marseille 6e à 20 points, Bordeaux 8e à 21, Lille 5e à 19. La logique serait que Lyon finisse champion, ce dont personne ne doute, en inscrivant 100 points, un record.

La suite allait pourtant démentir ce scenario idéal. Certes, Lyon finissait bien champion en mai 2007, mais avec 17 points "seulement" d'avance sur Marseille, qui a donc récupéré trois points dans l'affaire. Ce dernier n'a ramassé que 31 points lors des matches retours, soit une chute de 38 %, et n'a finit que quatrième derrière l'OM (34), Toulouse (33) et Rennes (32). Surtout, il a perdu quatre matches, n'en a gagné que huit, et subit quelques trous d'airs, notamment à Troyes (1-0), en huitièmes de finale de la Ligue des Champions contre la Roma (0-0, 0-2) ou en finale de la Coupe de la Ligue contre Bordeaux (0-1), qui lui succèdera deux ans plus tard au palmarès, interrompant son règne de la Ligue 1.

Une demi saison très moyenne, surtout comparée à celle qui l'avait précédée, mais qui n'empêchera pas les Lyonnais de remporter un dernier (?) titre la saison suivante, mais, on l'a vu, avec un tout petit écart. En moins d'une année, l'OL avait perdu l'avance considérable qu'il semblait avoir sur le reste de ses congénères de Ligue 1. Que s'est-il passé entre temps ?

Sans doute s'est-il cru arrivé trop vite durant cet hiver 2006/2007, et les deux premières défaites de l'année, dès la reprise à Toulouse (2-0) et contre Bordeaux (1-2), avant un match nul délicat contre Nice (1-1) puis la fameuse défaite à Troyes (1-0) ont fait plonger son moral de façon beaucoup plus considérable qu'imaginé. Pourtant, avec des cadors comme Abidal, Cris, Tiago, Juninho, Malouda, Wiltord, Govou, et le jeune Benzema épaulant un Fred alors efficace dans ses rangs, Lyon semblait armé pour ne pas craquer à la première mauvaise nouvelle. Mais dès l'été suivant, Wiltord, Malouda, Abidal et Tiago faisaient leurs valises, et leurs remplaçants, Cleber Anderson, Grosso, Bodmer ou Keita n'allaient pas apporter avec eux les mêmes garanties en terme de maîtrise technique et d'expérience, même si l'international italien, champion du monde un an plus tôt, n'en était pas dépourvu, loin de là. Durant l'hiver, Boumsong, Delgado ou Crosas n'allaient pas non plus transfigurer l'effectif rhodanien, désormais dirigé par Alain Perrin, qui allait pourtant remporter le seul doublé de l'histoire du club, avant d'être inexplicablement écarté. Autre énorme erreur historique, à mon avis.

Avec Puel, sans que ça ait forcément un rapport, le début de la page blanche débutait, et pour une raison simple : l'affaiblissement, visible à l’œil nu, de l'effectif des Gones, déjà bien entamé en 2006, avec le départ de Diarra, et en 2005 avec celui d'Essien. Durant l'été 2008, Piquionne, Mensah, Ederson, Makoun, Pjanic ou Lloris remplaçaient Squillaci, Coupet, Müller, Ben Arfa ou Baros. Hormis au poste de gardien, l'avantage ne saute pas aux yeux, avec le recul. En 2009, Gomis, Cissokho, Bastos, Lisandro, puis Lovren en hiver, succédaient à Grosso, Piquionne, Keita, Benzema ou Juninho. En 2010, Diakhaté, Gourcuff et Briand remplacent Govou, Bodmer, Boumsong ou Makoun... et enfin, l'été dernier, Fofana, Dabo et Koné récupèrent la place de Pjanic, Diakhaté, Toulalan et Delgado...

Surtout, sur cette saison, qui succède à une autre qui avait vu l'OL accrocher dans la douleur une place sur le podium, à la faveur du traditionnel fléchissement du PSG au mois de mai, certains joueurs remplaçants l'an passé, comme Grenier, Lacazette et surtout Briand, voire Gomis, sont devenus titulaires ou ont au moins gagné beaucoup de temps de jeu, à la faveur de départs pas vraiment remplacés pour cause de caisses vides. Quant à Gourcuff, il est un départ à lui tout seul.

Lyon possède une attaque toujours très convenable, notamment pour la Ligue 1, à l'image de son match contre le PSG, mais qui n'a pas suffit pour perforer la défense de l'APOEL Nicosie... en revanche, sa défense, condition indispensable à la réussite au plus haut niveau, est une catastrophe. Cris n'est même plus l'ombre de lui-même, Koné n'est pas au niveau malgré une bonne volonté évidente, Lovren est blessé et un peu juste pour le très haut niveau, et Mensah, 29 ans et titulaire en sélection ghanéenne, est au placard pour des raisons que seul le vestiaire pourrait expliquer, et encore... et sur les côtés, si Réveillère fait le job, c'est loin d'être le cas de Cissokho, Dabo, sans parler de Kolodzieczak... quant à Fofana, son pari sera à juger dans une ou deux saisons, pas avant.

Au final, on le voit, l'effectif lyonnais est passé d'une collection d'internationaux actifs, de haut niveau, à un patchwork de jeunes espoirs certes prometteurs, et de bons joueurs de Ligue 1, voire européens, mais, hormis Lloris et Kallström, aucun d'entre eux n'est titulaire dans une bonne sélection mondiale. En 2005/2006, ils étaient dix (Coupet, Abidal, Müller, Tiago, Juninho, Malouda, Wiltord, Carew, Fred et Govou). Et je ne parle pas de M.Diarra, Caçapa, Essien, Ben Arfa, Benzema, Nilmar... cette équipe mettrait quatre buts d'écart à celle d'aujourd'hui, et en jouant du pied gauche.

Après, rien n'obligeait Lyon de se faire éliminer par l'APOEL Nicosie, qui est sans doute meilleure que toutes les équipes chypriotes ayant jamais disputé cette compétition, mais qui reste un club qui n'est même pas leader de son championnat (!) et qui dépense dix millions d'euros par années en budget... Après avoir tenu en échec l'Ajax et ratatiné le Dinamo Zagreb, il y avait mieux à faire. Mais cette saison, on a l'impression que les joueurs ont de plus en plus conscience de leurs limites, ce qui joue sur leur mental. Dix défaites en championnat, sur 26 journées, c'est évidemment mieux qu'une évaluation de début de saison dans l’Équipe, c'est un constat implacable.

Reste que si Lisandro, Bastos ou Gomis retrouvent leur niveau vu contre Paris (4-4), l'OL a largement les moyens de finir dans les cinq premiers, de remporter la Coupe de la Ligue contre Marseille et briller en Coupe de France. Ponctuellement, ça peut toujours marcher. Sur la durée, il faudra renforcer singulièrement cet effectif, notamment en défense, la douzième de Ligue 1 cette saison...

A plus tard !

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