mardi 10 janvier 2012

L'Afrique se dresse

Salut à tous,

Aujourd'hui, abordons un sujet qui s'apparente furieusement à un marronnier, la Coupe d'Afrique des Nations, alias la CAN. Une compétition prestigieuse, tout de même, puisqu'elle réunit les meilleures nations d'Afrique et qu'elle a vu briller certains joueurs qui font ou ont fait partie des tous meilleurs joueurs du monde. On peut donc considérer qu'il s'agit du cinquième tournoi le plus prestigieux dans le ce sport, derrière le Mondial, l'Euro, la Copa Libertadores et la Ligue des Champions. Mais une compétition qui, depuis une quinzaine d'années, fait unanimement râler l'ensemble de la profession d'entraîneur de ce côté ci de la Méditerranée. D'une façon assez inexplicable, je dois dire...

Pourquoi râlent-ils, ces bons vieux cireurs de banc tricolores ? Parce que les Africains ne trouvent rien de mieux à faire que de jouer leur CAN aux mois de janvier et février, en pleine reprise des championnats européens, alors qu'il ferait tellement meilleur en Guinée Equatoriale au mois de juillet, mois habituellement réservé aux Coupes du Monde et autres Euros... d'accord, il fera un peu chaud et humide, mais le foot c'est un sport d'extérieur non ? C'est vrai quoi, c'est énervant ces gens qui n'ont pas comme seule passion dans la vie que le bien être des clubs français, et qui se permettent d'organiser leur petite sauterie continentale au moment même où la Coupe de la Ligue et la Coupe de France battent leur plein ! Il faut décidément tout lui expliquer à l'homme africain.

Du coup, un club comme Marseille, par exemple, dont la notoriété donne à ce véritable cri de souffrance corporatiste une portée supplémentaire, va être privé, durant au moins quatre longues semaines, mais au maximum six ou sept, de cadres tels que Souleymane Diawara (Sénégal) et les frères Ayew (Ghana), sachant qu'il est tout de même difficile de donner à Charles Kaboré (Burkina Faso) un statut d'indiscutable, même s'il est sans problème logé à la même enseigne que ses coéquipiers dans la liste des absents de marque marseillais durant la CAN pour faire pleurer les cagoles. Même les Anglais, il n'y a pas si longtemps épargnés par cette véritable évasion sportive, sont touchés : Arsenal devra faire sans Chamakh ni Gervinho, Chelsea sans Drogba, City sans Yaya Touré... mais on a quand même l'impression qu'Albion prends ça avec plus de flegme, ce qui lui ressemble pas mal. Il faut dire que ces clubs peuvent se reposer sur des effectifs autrement plus conséquents pour palier à ces départs.

Ce qui m'étonne toujours, tous les deux ans, c'est de voir ces décideurs sportifs, qui ont en général la main mise sur la politique sportive de leur club, ou du moins un début d'influence, littéralement pris de cours par la CAN, comme si cette dernière était organisée par surprise, au hasard, et que les entraîneurs de Ligue 1 étaient à la merci d'une CAN qui tomberait n'importe quand, sans qu'ils puissent se retourner. Et pourtant non, j'ai vérifié et c'est un fait indiscutable : ils étaient prévenus ! Ils savent qu'à chaque mois de janvier d'année paire, une Coupe d'Afrique des Nations était organisée, et qu'une partie de leur effectif va être absent entre trois semaines et un mois et demi ! Mais ils ne font rien, hormis râler, se plaindre. Anticiper ? Pas le temps, hé ho ! Comme l'info, la gestion d'un club de foot ressemble souvent à une enfilade de décisions prisent à la va-vite, sans questionnement à long ou moyen terme.

Et ce n'est même pas un problème de moyen pour recruter, puisqu'en janvier, ces visionnaires se trouvent toujours prêt à recruter le premier pékin venu pour palier à une absence. Par exemple, Marseille, toujours, qui se voit "contraint" de rappeler Brandao, devenu indispensable après avoir été prêté au Brésil durant 10 mois jalonnés d'une forêt de buts (4, au dernier pointage), pour pas qu'André et Jordan Ayew manquent trop devant. Le cas typique du sparadrap sur une jambe de bois, c'est le cas de le dire dans le cas de l'ondoyant buteur brésilien, alors qu'au sein de l'effectif phocéen on compte toujours des joueurs comme Gignac, certes blessé, et Rémy, en attaque, et Valbuena, Amalfitano et Lucho en milieux offensifs, sans parler de quelques jeunes comme Omrani. Mais bon, admettons que ça ne soit pas suffisant pour gérer le prochain mois de compétition. Pourquoi recruter en catastrophe un joueur supplémentaire maintenant ? Je ne parle pas juste de Marseille, mais de Lyon aussi, complètement dépourvu après les départs de pointures en défense centrale, nommées Bakary Koné et John Mensah. N'était-il pas possible d'anticiper leur départ, sachant que Cris n'est plus que l'ombre de lui-même, et que Lovren ne peut à lui seul couvrir les deux postes ? Et quel intérêt de recruter maintenant un joueur, en le faisant signer pour plusieurs années, juste pour remplacer un joueur absent pendant 50 jours ?

L'Europe n'est pas prête à cesser de se comporter de cette manière dédaigneuse et unilatérale avec son voisin africain. Non contente de la piller sans vergogne de ses (très) jeunes espoirs, pour, la plupart du temps les abandonner ensuite sans papiers et sans ressources, elle ne parvient même plus à tolérer que cette brave Afrique ose s'amuser sans elle, sans lui demander son avis, et en utilisant les joueurs pour lesquelles elle ne débourse en général pas le moindre centime. La France, qui a su, à une époque, s'appuyer sur des joueurs d'origine africaine pour s'assurer ses plus grands succès en Europe et dans le Monde, se voit aujourd'hui, sans que la morale, selon moi, n'ait à en souffrir, privée de beaucoup de jeunes binationaux, désireux d'embrasser le niveau international sous le maillot de leurs parents ou de leurs ancêtres, à l'image de perles comme Ryad Boudebouz par exemple. Ainsi, il n'y avait aucun joueur d'origine arabe au sein de la sélection française durant le dernier Mondial.

La France, et l'Europe d'une manière générale, a beaucoup de mal à admettre que l'Afrique, son ancienne colonie pour l'essentiel, continue de s'émanciper, du moins sur le plan sportif, et footballistique en particulier. Les nations africaines parviennent de plus en plus à attirer les jeunes binationaux formés en Europe, mais fruits de l'émigration vers l'Europe durant les décennies précédentes, et qui aujourd'hui renforcent des équipes nationales de plus en plus compétitives. L’Afrique a le droit d'organiser sa CAN quand elle le veut, et les clubs européens celui d'anticiper ces mouvements qui restent temporaires... c'est même une obligation désormais. Au bout d'un moment, leur incompétence finira par se voir.

A plus !

2 commentaires:

  1. "L'Homme africain a raté l'occasion d'entrer dans l'Histoire", a souviens-toi déclaré un "grand" humaniste il n'y a pas si longtemps :-) ... Que diront-ils, ces "génies" de l'anticipation, en janvier 2013, quand ils découvriront que, "mais comment se fait-ce ?" la CAN revient déjà : "C'était pas tous les deux ans ? ils vont pas la faire tous les ans quand même les b..., si ?"

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    1. Tout à fait, ça va leur faire tout drôle... quoique là ils se souviendront peut-être plus facilement, vu que c'est d'une année sur l'autre...

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